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jeudi 26 novembre 2009

La Dolce Vita

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A Éric, bien sûr...

Mon premier contact avec ce film sorti en 1960, j'avais 11 ans, fut de lire son titre, dans la liste affichée par la Centrale Catholique sur la porte de l'église que je fréquentais alors.
Il se trouvait dans la Catégorie Interdite, celle que nous regardions avec la plus grande attention.
Tous ses films étaient assimilés à des lettres écrites de la main même de Satan.
Et nous essayions d'inventer l'histoire à partir du titre.
Celui-là, traduit en français par La Douceur de Vivre n'avait pas dû exciter beaucoup notre imagination !

Ce ne fut que beaucoup plus tard, lors de mes années cinéphiles que je fis, dans le désordre, la connaissance de Fellini.
Si je me souviens très précisément de La Strada, d'Il Bidone, des Notte di Cabiria, je ne garde aucun souvenir de La Dolce Vita...
La Fontaine de Trevi peut-être, mais cette scène culte, qui ne dure d'ailleurs qu'une dizaine de minutes dans un film de presque 3 heures, comment savoir si ce n'est pas plus tard qu'elle est entrée dans ma mémoire ?

Est-ce pour autant d'un regard neuf que j'ai regardé ce film hier ? Franchement non !
Il y a d'abord une évidence.
Après les trois premiers films que j'ai cité, qui font partie du Néo-Réalisme Italien, c'est à dire une manière de filmer comme un documentaire les laissés pour compte de l'après guerre, Fellini se met à faire du Fellini.

Il continue à filmer en documentariste mais d'une façon toute personnelle.
Ma première impression fut une visite guidée dans une Cinecittà qui lui appartiendrait en propre. Une enclave avec une multitude de plateaux où il promène sa caméra, nous dévoilant une séquence d'un film en plein tournage et passant au suivant.
Il y en a 12, encadrés par un début et une fin dont le mystère ne s'entrouvre que sur la dernière image qui comme à l'accoutumée n'est pas suivie du mot FIN.
Fellini ne l'a jamais utilisé, laissant ainsi au spectateur une porte ouverte pour continuer le film à sa guise.

Les scènes se succèdent, le plus souvent sans aucun lien entre elles. Quelques femmes apparaissent dans l'une et puis l'autre, tel un fil conducteur qui ne mène à rien.

L'histoire, si l'on peut parler d'une histoire, est celle de Marcello, un journaliste de presse à scandale qui évolue parmi une bande de photographes, véritable nuée de sauterelles, toujours en mouvement et dévorant tout sur son passage.
Un Marcello que Mastoianni ne joue pas, il est là comme dans sa propre vie.
L'on sait le lien qui unissait les deux hommes et dont ils parlaient de la même façon.
Une relation télépathique.
Fellini ayant trouvé son interprète au sens premier du terme, et Mastroiani se sentant immédiatement habité par le personnage, n'ayant plus qu'à se laisser guider par lui.

Donc Fellini derrière la caméra, Marcello devant.
Le thème ou plutôt des variations sur un même thème, c'est une Dolce Vita, qui n'a rien de Dolce ni même de Vita.
C'est un ennui profond qui se dégage de cette Hight Society en pleine décadence. Dont on sait maintenant qu'elle fut inspirée par les frasques d'un membre de la famille Ruspoli, déjà âgé et poursuivant la quête vaine d'une jeunesse depuis longtemps enfuie.
Ils sont antipathiques, bercés par l'illusion que l'argent est la clé du bonheur.
Savent-ils seulement ce que sont les sentiments, les plaisirs simples, la joie de vivre ? Bien sûr que non.
Pour eux, le monde est scindé en deux. Les riches et les autres que l'on achète sans les voir.
Ils n'ont même pas conscience du mépris qu'ils pratiquent comme ils respirent.

Et Fellini où est-il dans tout ça ?
Ce menteur qui était ravi que ses proches soient capables de discerner le vrai au milieu du faux. Alors je ne mens pas disait-il en riant !

J'étais à l'affût du moindre indice pour reconstituer son histoire dans ce puzzle.

La première chose qui m'a frappée, parce que j'ai retrouvé les mêmes scènes dans un film de Pietro Germi, c'est le rapport homme-femmes.
Femmes volontairement au pluriel, parce qu'il semble que dans cet après-guerre qui avait libéré les hommes du carcan de la famille traditionnelle, les femmes étaient restées en arrière.
Confirmation avec les aller-retours entre les deux vies de Marcello. 
Ses tentatives de séduction ratées des femmes mythiques de la Jet Set, qu'il côtoie en tant que journaliste.
Et à l'opposé, la femme avec qui il vit et qu'il traîne comme un boulet. Elle ne sait parler que de ce qu'elle va lui préparer à manger. Il la rudoie, l'envoie balader, revient la chercher. De temps en temps elle tente de se suicider, ce qui le trouble profondément et l'amène à prononcer des je t'aime qui semblent sincères. Mais la vie reprend à l'identique.
Une vie où la femme ne peut-être qu'una mamma ou una putana !
Une vie où il ne veut finalement ni l'une ni l'autre...

Il y a cette rencontre avec un ancien Professeur, écrivain, qui encourageait Marcello, écrivain débutant, à developper ce don en étant lui-même.

Et puis ces scènes totalement baroques.
Un parc à l'aube brumeuse. L'intérieur d'un château qui serait hanté. On retrouve là, la magie du Maestro.
L'on sent que devant ces décors il prononce la même phrase qu'Anita Ekberg devant la fontaine de Trevi. Oh my godness !
Une sorte d'émerveillement enfantin devant un terrain d'aventure qu'il excellera à exploiter avec inspiration et génie dans toute son oeuvre à venir.

Je m'aperçois qu'il plus facile d'écrire sur un film que l'on a pas vraiment envie de défendre.
Ce qui l'a sauvé à mes yeux, ce sont les dernières minutes. Une sorte de dialogue de sourds.
Un bras de mer que les sons ne traversent pas, sépare les interlocuteurs.
Marcello ne veut pas comprendre ce qui pourrait faire basculer sa vie. Mais moi je suis sûre qu'après avoir tourné le dos, hors champ, il est revenu...
C'est peut-être une allégorie de la rencontre de Federico avec celle qui deviendra sa compagne, sa muse, son actrice préférée. Giuletta Masini.

Je ne placerai sans doute pas ce film parmi les 100 meilleurs du monde, où il occupe la 6ème place.
Mais c'est un grand film, parce que Fellini y fait ses premiers pas de cinéaste libre de toute influence, et que l'on voit une écriture cinématographique en train de naître.
Que la technique y est maîtrisée avec un grand art de l'ombre et de la lumière.
Et surtout parce que j'adore l'homme qu'il était...

Bonus
Marcello appelle son photographe Paparazzo.
Fellini venait d'inventer un terme qui est entré, au pluriel, dans le vocabulaire international, les Paparazzi.


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